(L'Alsace - Le Pays, 23 février 2004) — par Gilles Santalucia
<http://www.lepays.net/jdj/04/02/23/SP/15/article_107.html>
Franc-Comtois, fier d'incarner les valeurs de sa région et de porter le maillot du FC Sochaux, Michaël Isabey va franchir un palier supplémentaire dans sa carrière atypique en faisant face à l'Inter Milan, jeudi.

"J'ai eu envie de revenir et réussir"
Ce retour à la case départ résonne comme un coup de gong dans la tête bien construite du futur ex sochalien. « A ce moment-là, j'ai changé d'état d'esprit. J'ai eu envie de revenir et de réussir. » Pari gagné, il revient dix mois plus tard. « J'ai commencé à jouer et j'ai senti qu'on m'écoutait ». Un écoute, preuve du pas franchi pour ce garçon qui ne force jamais les esprits à coups de gueule. « J'ai besoin qu'on me fasse sentir que ça va, que c'est bien. J'ai besoin de confiance, tout simplement. » Sa vérité, celle qu'il veut imposer, il la trouve, petit à petit sur le terrain. Il joue et fait grandir son mètre 69, au fil des matches, des semaines, des mois. Il se révèle aux yeux du public, de ses pairs et de lui-même. « On m'aurait dit ça au début de ma carrière, je ne l'aurais pas crû. Ca fait réellement plaisir. Quand je me retourne, je me dis que j'ai parcouru du chemin. » Chemin qui le conduira jeudi devant l'inter. « C'est encore une marche de franchie » reconnaît-il, presque émerveillé de réaliser que… « C'est une avancée mais pas une fin en soi… J'espère.. Quand tu franchis toutes ces étapes, l'envie grandie avec. Tu veux encore pousser l'aventure plus loin. » Une ambition avouée à mots feutrés, pesés, avec toujours le souci de montrer que l'homme n'a pas changé.

L'homme né là-haut, en osmose avec cette nature qui a offert à l'enfant de Goux « ce sentiment de liberté, de pureté », cette rencontre avec des « gens vrais, naturels, du terroir, bons vivants, connaissant le prix de l'effort » et véritable source de régénération. « C'est un besoin de retourner là-haut. Leur regard, leur contact avec moi n' a pas changé. Ils me voient avec les mêmes yeux et n'accepteraient pas que je sois différent, aujourd'hui, parce que je suis footballeur avec ce que cela implique. » Attaché aux valeurs, à l'identité franc-comtoise, au FC Sochaux « Il me semble que je suis fait pour porter ce maillot, et j'espère incarner les valeurs de la Franche-Comté que j'adore. » explique-t-il avec franchise. Michaël Isabey, cependant, n'exclut pas un jour… peut-être de partir. « pour me forger le caractère, pour ma carrière personnelle, il serait peut-être bon que j'aille voir ailleurs. » Le tout avoué avec hésitation, sans grande certitude. Son attachement à tout ce qui l'entoure aujourd'hui est si grand. Aussi grand que cet Inter Milan qui dans quelques heures va poser les pieds sur la pelouse de Bonal et trouver, peut-être face à lui, un certain Michaël Isabey, homme de valeur et, désormais, joueur de conquête.
Gilles Santalucia
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